ANOREXIE & BOULIMIE
L'anorexie mentale atteint à peu près un adolescent sur 100 et touche principalement les filles. Elle est caractérisée par une restriction alimentaire (exclusion de certains aliments, généralement gras ou sucrés, réduction des quantités, préférence pour les légumes, les fruits et les laitages allégés), par des comportements anormaux à table ( découpage des aliments en tout petits morceaux, durée interminable des repas) et par un amaigrissement important. Il peut y avoir ou non des vomissements volontaires et/ou une pratique sportive intense et/ou une consommation excessive d'eau ou de boissons light.
Chez le garçon, l'anorexie est plus rare et s'exprime plutôt par une
recherche de visibilité musculaire : pratique sportive intensive et
restriction alimentaire dans le but de "sécher" la graisse corporelle.
L'anorexie mentale peut avoir de graves conséquences : arrêt de la
croissance chez l'enfant ou l'adolescent, ostéoporose et fragilité osseuse, atteintes dentaires et de
l'œsophage en cas de vomissements, voire risque
mortel en cas de dénutrition extrême, de troubles cardiaques, ou encore d'idées suicidaires.
L'anorexie commence souvent par un petit régime pour perdre quelques kilos, puis la jeune-fille, ravie de son succès est saisie par une peur intense de regrossir et se sous-alimente pour ne pas prendre un tel risque. Vous la voyez maigre, elle se trouve grosse. La famille étant généralement très inquiète la harcèle pour qu'elle mange plus, et il se produit souvent des conflits familiaux intenses autour des repas avec finalement une rupture de communication.
On a longtemps culpabilisé à tort les parents vis-à-vis de l'anorexie.
En réalité, l'anorexie exprime et révèle un malaise sous-jacent, qui
existe plus ou moins chez tous les adolescents et qui est exacerbé chez
certains jeunes manquant particulièrement de confiance en eux. Ajoutez à
cela l'obsession actuelle des femmes pour un idéal de minceur et vous
avez le lit de l'anorexie mentale. Il faut bien comprendre que l'anorexie mentale est une maladie
psychiatrique : la personne malade n'est pas accessible au raisonnement
par des méthodes classiques. Plutôt que de rentrer dans des menaces ou
des négociations stériles, il est préférable de consulter au plus vite
un médecin. Si l'état physique n'est pas trop détérioré, la prise en charge de
l'anorexie se fait le plus souvent dans un premier temps sans
hospitalisation. L'adolescent(e) doit être suivi(e) à la fois par un
médecin généraliste ou nutritionniste qui s'occupera des aspects
corporels et par un psychiatre ou un psychologue. Il est préférable que ces professionnels de santé
soient formés aux troubles du comportement alimentaire. Il sera parfois nécessaire d'avoir recours à une hospitalisation, soit
parce que l'état de dénutrition est préoccupant et nécessite une
renutrition urgente, soit parce que les mécanismes restrictifs sont
profondément installés et ne peuvent être désamorcés que par une
alimentation contrôlée avec des objectifs de poids et de modification de
comportement. Plus la maladie est prise en charge tôt et plus les chances de guérison rapide sont importantes.
La boulimie est caractérisée par des compulsions alimentaires
entraînant l'absorption de grandes quantités de nourriture en peu de
temps avec l'impression de ne pas pouvoir s'arrêter. Les crises peuvent
ou non être suivies de vomissements ou de périodes de restriction
anorexique. La boulimie atteint surtout les jeunes femmes et les jeunes filles. Là
encore, elle concerne plus souvent des personnes ayant une faible estime
de soi. Le poids est généralement normal ou élevé, ce qui fait que la boulimie
est souvent ignorée de l'entourage. Mais elle s'accompagne malgré tout
d'une intense souffrance psychologique. Là aussi, consulter est le premier pas vers la guérison.
Quelques conseils préventifs pour les parents vis-à-vis de l'anorexie ou de la boulimie :
- Ne pas valoriser l'apparence corporelle et la minceur, ni dévaloriser les personnes en surpoids
- Eviter de pratiquer des régimes et des restrictions alimentaires pour vous-même ou pour vos enfants
- Ne pas diaboliser ni interdire certains aliments en disant "cela fait grossir"
- Eviter les remarques et jugements - positifs ou négatifs - sur le poids ou la corpulence de vos enfants
- Donner autant que possible confiance en soi à vos enfants : valoriser, féliciter, autonomiser, faire confiance, solliciter leur capacité d'analyse et de jugement et leur esprit critique.
Liens utiles :
Association autrement
GEFAB (Groupe Européen pour les Anorexiques, les Boulimiques et les Familles)
"AAAB (Association d'Aide aux Anorexiques et aux Boulimiques)"
« Document d'information destiné aux familles et aux patients. Anorexie mentale : prise en charge », Haute autorité de santé (HAS) (juin 2010)