LES COMPULSIONS ALIMENTAIRES

Les compulsions alimentaires consistent en une consommation incontrôlable de nourriture, souvent mais pas toujours sucrée, parfois en grandes quantités, parfois sous forme de grignotages répétés. Elles s'accompagnent généralement d'une prise de poids plus ou moins rapide et engendrent un sentiment de honte et de culpabilité.

Cette consommation d'aliments qui ne répond pas à une faim physique est un comportement palliatif, au même titre que l'alcool, la drogue, les achats compulsifs et toutes formes d'addictions. En psychologie, on parle de "comportements de fuite". Ce que l'on fuit dans ce moments là, ce sont des pensées, des émotions, associées à des situations auxquelles on se sent incapable de faire face.

Tristesse, contrariété, angoisse, manque de confiance en soi, solitude, stress, désespoir, insatisfaction, ennui, honte, culpabilité ... sont autant d'émotions petites ou grandes face auxquelles on peut avoir le sentiment d'être débordé(e), et que l'on va gérer en utilisant un palliatif, un doudou, quelque chose qui nous soulage momentanément, qui nous permet d'oublier ce qui ne vas pas, mais qui à terme ne va en rien améliorer la situation qui a provoqué l'émotion intolérable.

Votre charge de travail est trop lourde, votre chef vous harcèle, votre copain (copine) vous a largué(e), votre famille est déchirée par des conflits, vous avez le sentiment de ne pas être à la hauteur, de ne pas être apprécié(e), votre travail ne vous plait pas : manger des aliments "doudous" (ou boire de l'alcool ou fumer ou faire chauffer la carte bleue) va apaiser votre inconfort ou votre souffrance durant quelques minutes, mais ensuite rien n'aura changé.

Dans le cas des compulsions alimentaires, les aliments les plus réconfortants sont généralement les plus riches (oui, ça n'est pas un scoop, le pouvoir réconfortant du chocolat est très supérieur à celui des haricots verts...), et la prise de poids vient compliquer le problème. On devient obsédé(e) par le besoin de maigrir. Les patients qui ont des compulsions alimentaires consultent souvent pour perdre du poids. Ils sont en lutte et cherchent à tout prix à retrouver une alimentation "saine" et donc à éliminer les aliments consommés durant les compulsions. La honte et la culpabilité sont décuplées chaque fois qu'ils mangent ces aliments, chaque fois qu'ils montent sur la balance, chaque fois qu'ils se voient dans un miroir. L'intention de se priver des aliments qui réconfortent s'intensifie et l'on entre alors dans un cercle vicieux, ou la honte de soi, de son apparence, de son incapacité à suivre un régime devient le déclencheur principal des compulsions. Je mange / je grossis / je déprime / je mange ... (voir aussi la page "Les régimes font grossir")


Ne vous trompez pas de cible : le problème n'est pas le chocolat, les biscuits (ou les pizzas, les fast-foods ou l'alcool, ou la drogue ...), ces aliments ne sont pas des coupables mais des moyens, des doudous qui vous réconfortent ponctuellement, des béquilles qui vous soutiennent lorsque vous vacillez. Le problème n'est pas non plus le surpoids, qui n'est que la conséquence de vos comportements.

Vous ne pourrez pas échapper aux compulsions alimentaires si vous ne prenez pas le mal à la racine. Et pour ce faire, il va falloir mettre en oeuvre plusieurs stratégies :

1- Apprendre à gérer vos émotions autrement qu'avec des aliments (ou de l'alcool, ou des drogues etc...). Il peut s'agir de trouver d'autres béquilles émotionnelles qui vous aideront à calmer vos émotions sans conséquences négatives comme par exemple le sport, la musique, le dessin, la couture, le bouquet japonais, le bricolage, la poterie, la marche, ou n'importe quelle activité qui vous apporte du plaisir et du bien-être... Cela peut être la mise en place d'activités qui évitent l'ennui ou comblent le sentiment de solitude, ou la pratique de la méditation, de la relaxation, du yoga, de la sophrologie.... Cela peut aussi être un travail en profondeur sur les émotions et/ou leurs causes : apprendre à tolérer ses émotions, améliorer sa confiance en soi, mettre en place des projets personnels ou professionnels qui permettent de sortir d'une impasse existentielle... En cas de dépression clinique ou de syndrome anxieux, un traitement médicamenteux peut être indiqué. Chaque cas est différent et chacun a des ressources variées à sa disposition, à l'extérieur comme à l'intérieur de soi. L'accompagnement d'un professionnel de santé formé à ce type de problèmes peut vous aider sur ce chemin.

2- OUBLIER VOTRE POIDS ET FAIRE LA PAIX AVEC LES ALIMENTS QUE VOUS AIMEZ ET QUI VOUS FONT PLAISIR !!!! L'obsession de la perte de poids vous fige dans le cercle vicieux. Vous ne devez pas vous concentrer sur les moyens de maigrir mais sur les moyens de ne plus recourir à la nourriture quand tout ce dont vous avez besoin, c'est de vous sentir apaisé(e). Et se peser tous les jours ou envisager de se priver des aliments que l'on apprécie le plus n'est certainement pas une source d'apaisement.... Dé-diaboliser ces aliments, s'autoriser à les manger sans culpabilité permet au contraire d'éviter la frénésie et de consommer des quantités raisonnables.

3- Faire preuve d'un peu plus de bienveillance vis à vis de vous-même : vous n'êtes pas gros(se), moche, nul(lle), incapable, boulimique, obèse.... vous êtes seulement un être humain avec des atouts, des qualités, des talents, des compétences, des valeurs, des forces et aussi des faiblesses, des imperfections, des fragilités, des failles, des incertitudes, des contradictions ... Cet alliage fait de chacun d'entre nous un être unique, ça n'est ni bien ni mal, cela s'appelle l'humanité. Et franchement, si nous étions tous parfaits, lisses et sans aspérités, la vie serait d'un ennui ...

Soyez vous-même, tous les autres sont déjà pris (Oscar Wilde)

J'accepte la grande aventure d'être moi (Simone de Beauvoir)


Extrait de consultation :

Ah oui, c'est vrai, une fois j'ai perdu beaucoup de poids. C'était l'année où j'ai fait mon Erasmus en Irlande. C'était dans une petite ville, j'avais plein de potes, les études n'étaient pas trop difficiles et je me sentais bien. Je me déplaçais en vélo, et comme j'habitais assez loin de la fac, je faisais des kilomètres tous les jours, j'adorais ça, je respirais, c'était autre chose que le métro. Là bas, les filles n'étaient pas spécialement minces et je ne n'avais pas honte de moi. Je ne sais pas combien de kilos j'avais perdu, beaucoup, 10 ou 15 je pense, mais je n'avais pas de balance, et de toute façon je m'en fichais, je ne pensais pas du tout à maigrir. Je n'avais aucune compulsion. Mais c'est revenu quand je suis rentrée en France...

Liens utiles :

Le blog de Sandra FM, psychologue, propose des vidéos remarquables sur le thème des compulsions alimentaires

https://sandrafm.com


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